29 septembre 2013

Claudien, poète du monde, compte-rendu de la conférence de Florence Garambois-Vasquez

L’assemblée générale du 18 septembre 2013  a été conclue  continue par une intervention, particulièrement vivante et intéressante, de Florence Garambois-Vasquez intitulée « Claudien, poète du monde »,

Claudien est un poète méconnu, même s’il est fait de lui une brève mention dans A rebours. Du coup, F. Garambois-Vasquez se propose de faire un panorama de son œuvre.

Claudien a vécu au IVe s. ap. J.-C.,de 393 à 404, dans l’empire romain d’Occident. Sa destinée est pleine de mystères, et sa vie se confond avec son œuvre : il fait preuve d’une farouche volonté d’être poète dès l’origine. Sa langue est très proche de la langue virgilienne ; il aura touché à tous les genres littéraires, des petites épigrammes sur le quotidien à la grande épopée et aux poèmes épidictiques.

Sa vie est mystérieuse. On ignore les conditions de l’arrivée à Rome, aux environs de 393, de ce Grec d’Alexandrie. On ignore tout des années 400-402, où il n’écrit pas ; il disparaît en 404, peut-être à la suite de la fin de la régence de son protecteur semi-vandale Stilicon, né d’un père vandale et d’une mère romaine. Claudien écrit en latin, sauf une Gigantomachie et quelques épigrammes en grec. Il fut le moyen pour Stilicon de légitimer sa poésie. Il écrivait au sein d’une cour christianisée, alors que lui-même est païen avec, un peu comme Ausone, un engagement un peu distant et non de combat.

Son œuvre est étonnante : il a touché à tous les genres, et sa poésie est marquée par un ancrage dans l’actualité du moment. On peut dégager de son œuvre un certain nombre de principes :

L’œuvre de Claudien présente une profonde unité, contrairement à ce que l’on a longtemps dit : une grande partie de son œuvre a longtemps été méprisée, mais tous ses poèmes témoignent de la même vision du monde. Ils sont en résonance et approfondissent certains partis-pris esthétiques amorcés dans les grands poèmes de circonstance. Claudien aime les constructions et les architectures soignées, subtiles, avec des jeux d’écho entre les poèmes. On en trouve un bon exemple quand Claudien recourt au mythe : dans le Rapt de Proserpine, Claudien décrit la tapisserie de Proserpine, où cette dernière brode l’univers, quand elle se met à pleurer : arrivent alors Diane et ses acolytes, qui l’amènent cueillir des fleurs, activité durant laquelle Pluton l’enlèvera. Cette tapisserie, qui représente donc l’univers, indique la disparition du chaos, l’ordre restauré, le triomphe de la nature, sans exclure l’être humain, contrairement à Ovide. On retrouve cette vision du monde à peu près partout chez Claudien : Proserpine est l’enjeu du fatum, mais la tapisserie est inachevée, l’aiguille est suspendue : on doit y voir une sorte de résistance de l’être humain face à l’ordre des dieux. Cette tapisserie trouve son pendant dans les poèmes politiques, par exemple dans le panégyrique en l’honneur du jeune Honorius, fils de Théodose et empereur d’Orient à seulement 14 ans (d’où la régence de Stilicon) : on retrouve ce thème dans la description de la trabée, costume que revêt le jeune empereur au moment de son consulat. Ce tissu représente la volonté de l’Occident de faire régner une harmonie, d’éviter la rupture avec l’Orient, mais justifie aussi la politique de Stilicon. Ce motif de l’harmonie du monde se retrouve aussi dans des épigrammes qui traitent de petits objets précieux.

La notion d’ordre établi, ce qui est d’ailleurs une constante au IVe s., sans doute à cause de l’instabilité des frontières de l’époque. Ce besoin d’ordre se manifeste par un goût marqué du locus amoenus, notamment dans les royaumes divins et les mondes lointains, sorte de topothésie qui permettent de mettre à distance le monde contemporain et les menaces qui pèsent sur l’empire. Ce thème rejoint celui de la Roma aeterna, très répandu au IVe s. Chez Claudien, il y a une utilisation très subtile du nom de Rome : outre les personnifications, les prosopopées parfois très vivantes (ex Rome vieillie prématurément du fait de gildon), la mise en scène mythique , il y a une présence du mot Roma jusque dans le tissage du texte . Claudien inscrit souvent le mot ROMA en combinant acrostiche et téléstiche , voire en pratiquant l’anagramme et le palindrome amor /roma

On peut aussi évoquer l’image du phénix, auquel Claudien consacre un poème ; ce mythe connaît une grande vitalité dans l’Antiquité tardive (iconographie, numismatique…), et illustre encore une fois les notions de permanence et de transcendance.

Découlant de ce thème, le maintien des équilibres du monde, foedera mundi, grâce à Stilicon, le seul capable de maintenir l’équilibre fragile entre Orient et Occident.C’est ce credo quiu justifie le recours à la violence. La poésie de Claudien est une poésie violente, qui se délecte par exemple du meurtre de Rufin, qui dirige l’Orient, ou de la description de l’eunuque Eutrope. On y trouve aussi beaucoup de violence contre Alaric. Cette violence est contrebalancée par un certain émerveillement devant le monde, où l’homme et la nature sont en harmonie – Claudien est fasciné par la perfection de la création – ; elle l’est aussi par sa curiositas devant ce que peut accomplir l’homme (voir par exemple son épigramme sur la sphère d’Archimède). Claudien montre un goût prononcé pour les mirabilia. La violence est enfin contrebalancée par la beauté de la recherche formelle de l’écriture ; il y a dans sa poésie une grande dimension réflexive, qui n’est pas limitée aux préfaces et prend des formes très variées. Finalement, sa poésie cherche une originalité dans le mélange des genres, ce qui est courant au IVe s., époque de grande perméabilité générique.

La poésie de Claudien est une poésie triomphaliste, qui chante la politique de Stilicon ; parce que l’empire est chancelant, il faut en chanter résolument les triomphes et croire en son éternité. On ne trouve pas chez lui d’accent religieux comme chez Prudence ; sa poésie est brillante et érudite mais, contrairement à celle d’Ausone, n’est jamais hermétique.

Une question est posée sur la réception de cette poésie par ses contemporains : F. Garambois-Vasquez explique que l’on a retrouvé à Milan une base de colonne qui la célébrait, ce qui prouve sa notoriété. Cette dernière a d’ailleurs pu être dangereuse pour Claudien à cause de son engagement en faveur de Stilicon.

Une autre question est posée sur le mode de diffusion de la poésie à cette époque : elle se fait par des recitationes. La première collection manuscrite des œuvres de Claudien apparaît très tôt. On connaît pour la plupart de ses poèmes les dates et circonstances de leur récitation.

Une dernière question est posée sur les différences entre l’écriture de Claudien et celle de Virgile ? Claudien fait preuve d’audaces que l’on ne trouve pas chez Virgile ; on trouve aussi des différences très subtiles dans la scansion.

 

Compte rendu de l’Assemblée Générale du 18 septembre 2013

Comme l’an dernier, nous remercions la direction du lycée Récamier d’avoir bien voulu accueillir l’assemblée générale de notre association.

Étaient présentes 26 personnes, 13 pouvoirs ont été remis. La séance s’ouvre à 16h30 après distribution des publications de cette année.

Le rapport moral fait par le président de l’association, J.-P. Dugand, a permis de rappeler les activités menées au cours de l’année précédente :

  • l’organisation du concours de l’Arelal et la cérémonie de remise des prix au Musée Gallo-romain de Lyon, le 29 mai ;
  • la publication du recueil Femmes triomphantes, par Florence Garambois-Vasquez et Catherine Vernay, distribué aux adhérents ;
  • la démarche auprès de M. le ministre au sujet du CAPES de Lettres : J.-P. Dugand a lu la lettre envoyée à M. le ministre au printemps, qui reste sans réponse à ce jour.

Le rapport moral est voté à l’unanimité des présents.

Le rapport financier, par la trésorière, Ch. Chydériotis, fait état d’un déficit dû à plusieurs facteurs :

  • l’organisation du concours : les dons de lots sont de moins en moins nombreux, ce qui contraint l’association à effectuer des achats de plus en plus nombreux, d’autant que le concours a eu beaucoup de succès cette année. De plus, les participants qui n’ont pas été récompensés ont reçu cette une carte envoyée par l’association, ce qui a entraîné des frais supplémentaires ( achat de carte + affranchissement) ;
  • le coût des publications distribuées à l’assemblée générale en 2012 sont passées sur le budget de cette année (timbres et photocopies) ;
  • la cotisation à la MAIF a crû comme chaque année ;
  • l’ARELAL a subventionné pour 100 euros les journées organisées pour les lycéens à l’ENS

Le site internet arelal.free.fr est abandonné ; le nouveau site arelal.fr, sous WordPress, est bien plus simple à administrer. Le nom de domaine a été acheté pour la somme de 41 euros, et un abonnement annuel de 28 euros a été souscrit.

Au chapitre des recettes, il est noté que les ventes de publications ont été bonnes ; les adhésions restent stables, et après le concours, quatre adhésions de professeurs ayant participé ont été enregistrées.

L’exercice est négatif de 1500 euros. Au vu de la hausse des prix des consommables et de l’affranchissement des lettres, faut-il envisager une augmentation de la cotisation ? Faut-il passer au bulletin entièrement numérique ?

N. Redoutey suggère de proposer une cotisation réduite aux stagiaires M2 et aux emplois d’avenir professeurs LC dans les établissements, qui pourrait être d’un montant de 10 euros. C. Pierre souligne que souvent, ils préfèrent attendre d’adhérer dans l’académie dans laquelle ils seront titularisés l’année suivante.

E. Millot propose de demander une participation symbolique pour les participants au concours (1 euro ?).

Le rapport financier est voté à l’unanimité des présents.

Perspectives pour l’année qui vient :

  • il reste encore des places pour les journées d’octobre à Arles : les personnes intéressées doivent se manifester rapidement ;
  • un courrier d’une adhérente fait état de problèmes à l’oral du baccalauréat : certains candidats ont été privés des supports sur lesquels ils avaient travaillé durant l’année, contrairement aux instructions de l’Inspection Pédagogique Régionale. M. Avenas demande comment faire en sorte que les examinateurs prennent en compte les horaires de LA réduits pour certains candidats : faut-il pour cela solIiciter les IPR ? Les descriptifs ne peuvent-ils pas être envoyés aux examinateurs quelques temps avant l’épreuve, comme cela se fait en français ? N. Redoutey propose que l’on publie dans le bulletin du deuxième trimestre des exemples de descriptifs de terminale de LA, puisqu’il n’y a aucune instruction officielle à ce sujet.
  • P. Paré-Rey rappelle qu’aura lieu en juin 2014 à Lyon, sous l’égide des universités de Lyon et de Grenoble, une journée d’étude sur le théâtre et les LA dans l’enseignement : elle recherche donc des enseignants qui pratiquent tous les degrés d’oralisation des LA en classe. Le projet de cette journée est d’essayer de comprendre ce que peut apporter le théâtre à l’enseignement des LA. Les enseignants intéressés peuvent contacter P. Paré-Rey à l’adresse pascale.rey@univ-lyon3.fr. Cette information sera envoyée à la liste ac-lyon, à la liste des documentalistes et aux adhérents de l’association.

L’assemblée générale se continue par une intervention, particulièrement vivante et intéressante, de Florence Garambois-Vasquez intitulée « Claudien, poète du monde ».

L’assemblée générale se termine par un appel aux bonnes volontés pour intégrer le bureau de l’association, qui a besoin de renouvellement : la secrétaire a quitté l’académie, la trésorière et le président souhaitent passer la main ; il faut quelqu’un pour gérer le site internet… Eric Millot, professeur au collège Alain de Saint-Fons, répond à cet appel et intègre le bureau : qu’il en soit remercié.

Elle s’achève à 18 heures  autour du  traditionnel verre de l’amitié.